Parcourir Mafate, c’est être au cœur des entrailles du Piton des Neiges. Le Piton des Neiges a surgi du point chaud qui a permis la formation de l’île de la Réunion.
Qu’est-ce qu’un point chaud ?
Un point chaud est un volcanisme particulier lié à des remontées chaudes du manteau terrestre appelées « panaches ». Un point chaud est fixe par rapport aux plaques tectoniques. Il existe 25 points chauds sur la planète. Le point chaud qui a donné naissance à notre île est à l’origine des Trapps du Deccan en Inde (il y a 68 millions d’années, une série d’éruptions qui dura environ 700 000 ans, et qui généra des coulées de lave sur 1,5 millions de km2 et sur une hauteur de 2400m !). Le même point chaud est à l’origine des Maldives, des Chagos, de Maurice et de Rodrigues.
Le cirque de Mafate à l’instar des autres cirques, est le résultat d’importants effondrements d’un des versants du Piton des Neiges, combinés à des périodes de remplissage par les laves et à une érosion tropicale intense (pluies, cyclones).
Le démantèlement du Piton des Neiges se fait sous nos yeux, faisant du cirque de Mafate un univers instable en perpétuelle mutation. Les fréquents éboulements et glissements de terrain en sont l’expression directe. Certains glissements de terrain ont été conséquents : la plaine des Tamarin est le résultat d’un effondrement d’une partie du versant du Gros Morne, second sommet le plus haut de l’île, avec 3019m. Marla est également la conséquence d’un effondrement et sa partie aval glisse toujours vers le lit de la rivière des Galets. Les reliefs tourmentés et déchiquetés révèlent toute la violence des phénomènes qui en sont à l’origine.
On observe dans le cirque diverses formations volcaniques dont des séries basaltiques anciennes (plus de 2 millions d’années), des dykes et des sills (infiltrations de roche magmatique dans des couches de roches plus anciennes), des brèches anciennes (blocs grossièrement soudés issues d’un effondrement massif du flanc Ouest du Piton des Neiges).
La rivière des Galets est l’unique ouverture du cirque sur l’extérieur. C’est par ce goulot profond et étroit que sont évacués les produits de l’érosion. Les matériaux transportés se sont accumulés à l’embouchure de la rivière, formant un immense cône de déjection allant de la Possession à Saint-Paul.
Focus : les remparts
Les remparts sont des éléments marquants du paysage. Ils forment d’immenses murailles infranchissables, cicatrices de l’effondrement du volcan. Formations géologiques d’une esthétique impressionnante, ils peuvent dépasser les 1000m de hauteur. Le rempart du Grand Bénare est le plus imposant lorsque l’on se trouve à La Nouvelle, il est en effet plus haut de 1400m par rapport à l’ilet !
« Ces remparts imposants et réguliers donnent aux cirques une allure de paysage clos, d’où le regard ne peut pas s’évader : on a coutume de dire que le cirque a une allure de « bout du monde », qui semble très loin de la côte. Les visiteurs se sentent manifestement « ailleurs ». »
René Robert
Message de sensibilisation : la géographie exceptionnelle des lieux appelle à la prudence sur les sentiers, notamment par temps de pluie où les risque de chute et d’éboulement sont accrus